Jérémy

Parti là-bas, voir si j’y suis.

Jan 27, 2013 - 3 minute read

Malaise

Comme je le disais dans un précédent billet, faire des portraits dans la rue est un exercice qui m’est difficile. Timidité, s’exposer aux autres, etc. Je pourrais trouver toutes les excuses du monde. J’y travaille, j’ai quelques outils en place pour passer outre ce problème. J’ai différentes thématiques que je veux aborder pendant mon voyage en faisant des portraits dans la rue.

Quand ces thématiques ne sont pas présentes autour de moi, je prends quand même des gens. Pour m’entraîner et parce que, peut-être, certaines photos pourront faire parti d’un sujet que je n’ai pas encore imaginé. Donc, je photographie des personnes plus ou moins au hasard également.

La plupart du temps cela se passe bien. Les gens sont soit ravis, soit en demande dès que j’accroche leur regard et qu’ils voient mon appareil. Et quand ils ne veulent pas, ils le disent et je passe mon chemin.

Les trois photos qui suivent ont été prises à Udaipur. Concernant la première le cadrage est raté, tant pis pour moi. La seconde est correcte. Et la troisième me pose beaucoup de problèmes.

Les enfants sur le premier cliché sont venus à moi en me disant "Bonjour !". Je leur ai demandé s’ils voulaient bien que je les prenne. Ils étaient fous de joie.

Ce qui a amené les deux suivants, un peu plus timides, mais contents.

Je m’apprêtais à partir quand les deux derniers sont arrivés. Ils m’ont demandé de les prendre également. Le garçon de droite a détourné la tête au moment du déclenchement, il a entendu le coup de klaxonne de la moto derrière lui.

Ce qui me met mal à l’aise dans cette photo, c’est l’expression du visage de celui de gauche, il me transperce à chaque fois que je le regarde, et ce visage détourné.

Je ne veux pas entrer dans le schéma de ceux qui prennent ces visages de l’Inde (ou je ne sais quel autre pays, ville, quartier, etc.) pour en montrer quelque chose que je ne maitrise pas. Ce n’est pas la raison de ma venue. Je ne veux pas utiliser ces images, ces visages, pour dire quelque chose dont je ne connais rien. Je n’ai aucune idée de la situation de ces deux garçons et je ne sais même pas si le rendu de cette photo est représentatif de leur réalité.

Je ne me sens pas légitime pour parler de ça. Je me pose beaucoup de questions en regardant cette photographie.

  • Ai-je bien fait de la prendre ?
  • Me montre-t-elle quelque chose de réelle ?
  • M’aurait-elle posé tant de problèmes si j’avais appuyé sur le bouton 2 secondes plus tôt, plus tard ?

C’est la première fois que je m’interroge autant sur une de mes prises de vue. La raison en est simple, je n’ai pas maîtrisé cet instant. Comme pour les autres, je m’attendais à un sourire ou une timidité quelconque, des yeux fermés, n’importe quoi que l’on peut imaginer pouvant arriver lors du déclenchement.

Je n’ai rien eu de tout ça. Ce qui a été capturé, je ne l’ai pas vu arriver.