Préambule
Bon… je voulais écrire ce billet depuis un moment, mais il me fallait un peu de temps et de recul pour tenter d’être le plus objectif possible. Mais c’est dur. Pour expliquer peut-être certains de mes ressentis, la Nouvelle-Zélande me faisait rêver ! Quelque chose d’assez insaisissable entre nature, état d’esprit, éloignement, vie d’insulaire, etc.
S’il vous plaît ne perdez pas de vu que :
- je suis subjectif, nécessairement,
- ne partez pas en Nouvelle-Zélande l’hiver,
- que peut-être je n’ai pas eu de chance dans mes rencontres avec certains locaux,
- que je ne cherche pas à faire une généralité, mais simplement retranscrire ce que j’ai vécu/ressenti,
- que je me suis vraiment demandé si le problème venait de moi,
- que j’ai discuté avec pas mal de personnes, les 2/3 partagent en partie ou entièrement mon ressenti,
- que les différences culturelles existent,
- et que c’est pas parce qu’on fait un tour du monde qu’on doit toujours tout trouver fantastique,
- que c’est mon blog, et si vous trouvez que je suis un connard, j’en ai rien à foutre !
Ambule (je sais ça se dit pas)
J’atterris à Christchurch, vers 1 heure du matin. J’avais contacté l’auberge de jeunesse située en plein centre ville pour prévenir de mon arrivée tardive. La navette de l’aéroport me dépose devant l’auberge, j’entre par la porte de derrière et trouve une enveloppe à mon nom m’indiquant mon numéro de dortoir. Rassuré d’avoir un endroit où finir la nuit, je laisse mes sacs dans le hall et ressors pour fumer une clope.
Quelques minutes passent et il y a quelque chose qui m’intrigue, je ne trouve pas ce que c’est. J’allume une deuxième cigarette, j’ai pas sommeil de toute façon…
Et puis d’un coup je comprends. Après une vingtaine de minutes à être là dehors planter comme un arbre, je réalise que bien qu’étant en plein centre ville, il n’y a pas de vie. Je n’ai vu, ni entendu une seule personne marcher, pas une seule voiture passer, pas de chien, pas de chat, pas de kangourou… Aucune lumière dans les maisons environnantes. J’ai l’impression d’être seul au milieu d’une ville fantôme.
Lendemain matin, je retrouve le sourire en voyant qu’il y a de la vie ici-bas. Je profite de la journée pour organiser la location d’un van pour faire le tour de l’île du sud dès le lendemain. Une fois bouclé, je pars en vadrouille dans Christchurch. Force est de constater que les dégâts du tremblement de terre d’il y a un an ou deux sont toujours omniprésents ce qui donne une atmosphère assez glauque à la ville, c’est assez étrange de se balader au milieu de tous ces bâtiments abandonnés et pour partie effondrés.
Je rencontre quelques français à l’auberge qui sont ici pour 1° améliorer leur anglais et 2° faire des sous dans le bâtiment, un des endroits idéal en Nouvelle-Zélande.
Deuxième nuit passée, je file près de l’aéroport pour récupérer le van (trendy cette fois, puisqu’il s’agit d’un Jucy). Et c’est parti pour 10 jours de promenade.
Bon, je vais pas vous faire un résumé journalier, parce que 1° j’en ai pas le courage et 2° vous ne le liriez pas. Il faut cependant que j’introduise ce qui suit. Comme c’était l’été en Europe, ici en Nouvelle-Zélande, c’était l’hiver. Donc froid, puisque en journée les moyennes étaient entre 8°C et 13°C et la nuit ça pouvait descendre à 1°C ou 2°C. A cela, il faut ajouter 8 jours de pluie sur les 10 passés en van. Et comme tu es en van justement, il se trouve que pour se réchauffer ou se sécher de la pluie, de la douche, etc. et bien, c’est la misère !
Sur la route, je fais quelques rencontres rapides, un kiwi et son fils (le kiwi étant le néo-zélandais) ; un couple de français vivant à Tahiti depuis deux ans, une japonaise très cool, un autre kiwi complètement allumé qui parlait quelques mots de français qui m’a bien fait marrer. Et c’est à peu près tout si ma mémoire est bonne. Je ne parle pas des conversations de moins de 5 minutes que l’on fait lors de la journée entre promeneurs. Donc par souci de transparence, oui je me suis senti un peu seul ces quelques jours ! En même temps, l’île du sud compte 4 millions d’habitants, ce qui ramené au km2, ne représente que des poussières.
Concernant les paysages, est-ce que c’est joli ? Oui !
La découverte de certains reliefs est assez époustouflante. Encore une fois, devant ces paysages que mes yeux ne sont pas habitués à voir, quelque chose m’échappe. Pourquoi justement notre œil n’est pas habitué à ces paysages ? Pourquoi la Nouvelle-Zélande disposerait-elle de conditions géologiques qui créeraient ces panoramas inédits ? Il ne s’agit pas de météo, je n’y crois pas, globalement la même qu’en Europe. Je finirais pas comprendre lors de ma visite dans un musée à Wellington un peu après mon road trip.
Donc, les paysages sont surprenants et l’on ne peut que rester bouche bée par endroits devant le spectacle qui s’offre à nos yeux à perte de vue. La couleur de certains lacs est surnaturelle de vivacité, cela est dû à une plante qui est en suspension dans l’eau et qui réfléchit la lumière du soleil en éclairant légèrement la surface de l’eau par le dessous. Saisissant !
Pour ce qui est des villes de l’île du sud, sincèrement… Comment dire ça sans qu’on me refuse ma prochaine entrée à la douane ? A part Queenstown et Wanaka, la grande majorité des bourgades sont des petites villes, sans grand intérêt architectural (à mon goût) et dont l’activité s’arrête vers 16h30 - 17h. Quand je dis “s’arrête”, je veux dire que tout est fermé. Que les gens ont disparus, ville fantôme encore une fois, donc Christchurch n’est pas une exception. En même temps il faut bien avouer que la principale raison de venir sur l’île du sud, ce sont les paysages, les treks, la découverte de la nature et pas nécessairement une recherche culturo-sociétale à la new-yorkaise.
Concernant Queenstown, la ville la plus touristique de l’île, car elle propose nombre d’activités sportives, bien entendu autour de la montagne, du vélos, du parapente de la luge, je sais pas quoi d’autres encore ; j’ai — détesté — cet endroit. Difficile de vous dire pourquoi. Je pense que ce genre de station alpine pour touristes en recherche de sensations fortes prêts à débourser des centaines de dollars pour faire ces trucs — ça me correspond pas tout simplement.
Bon, je sais que je ne dresse pas un tableau franchement positif, mais j’ai fais de très bonnes balades, vu des paysages assez hallucinants, vu le premier glacier de ma vie — qui est aussi le plus sale du monde (c’est marqué sur le panneau !! Il est recouvert de terre parce que les montagnes environnantes s’effritent dessus). Pas mal discuté avec les moutons (4 moutons pour 1 habitant en Nouvelle-Zélande), me suis émerveillé à Mildford Sound lorsqu’une vingtaine de dauphins se sont mis à suivre le bateau sur lequel j’étais, me suis fait tremper par une des cascades les plus hautes du monde (on la voit dans le Seigneur des précieux), conduit sur des routes assez incroyables, rempli le van de mouchoirs en papier parce que j’ai chopé la crève. Bref, c’était beau. Les couleurs étaient vraiment surréelles. Mais c’était froid…
Je finis mon road trip en retournant à Christchurch, je repasse une nuit dans la même auberge où je recroise la même bande de 3 frenchies qui bossent. Lendemain départ pour Wellington (capitale située sur l’île du Nord) en ferry.
La traversée passe super vite car je fais la rencontre de Lorenzo (italien) et Borris (français), on passe les 3 ou 4 heures de traversée à papoter.
On se retrouvera tous ensembles le soir pour aller boire quelques bières et effleurer la vie nocturne de la ville surnommée “Windy Welly”. Et du vent les amis, là-bas il y en a ! J’ai peut-être un problème physiologique qu’il faut que je règle, mais ça me rend fou autant de vent ! Bref, après pas mal d’hésitation et un échec pour trouver un espace de coworking qui me botte (comprendre financièrement), je décide deux jours après de filer directement sur Auckland pour bosser les 15 derniers jours qu’il me reste à passer dans ce pays.
Bon, je vais pas en faire des tartines parce que ça ne sert à rien. Mais je n’ai pas aimé Auckland non plus. Raison sans doute liée à la période hivernale. Auckland, c’est comme la Bretagne, tu peux voir les 4 saisons dans la même journée. Ce que personne ne dit par contre, c’est combien de fois dans la journée tu peux voir ces 4 saisons. Je dirais jusqu’à 6 fois chacune. Pour ce qui est de la ville en elle-même, je ne peux pas dire que j’ai trouvé ça charmant. Peut-être est-ce un indice et / ou de la fatigue, mais mon appareil photo n’a pas souvenir d’une seule image de cette ville.
Et les gens… Très bonne ambiance et gens sympathiques à l’Auberge de jeunesse où je logeais (Borders Beyond), le patron (David) est un français très très sympa (j’insiste). Le seul problème de David c’est qu’il est très très bavard. Du coup dans mon planning (je partais le matin avant qu’il arrive et rentrais le soir après qu’il soit parti), j’avais décidé de garder une demi-journée entière pour découvrir le personnage. La demi-journée a finalement durée toute la journée ! Il n’a pas beaucoup bossé ce jour-là ! Le reste de l’équipe était top également.
Il me restait un week-end pour faire un petit tour d’Auckland. Ayant eu un problème technique sur l’un de nos serveurs qui faisait que nos sites étaient inaccessibles, je bosse tout le week-end pour essayer de comprendre ce qui s’est passé, trouver pourquoi et m’assurer que ça ne se reproduise pas. Donc pas vraiment eu le temps de me balader dans la ville en-dehors du centre. Pour ce qui est des gens à Auckland (et cela se résume principalement à l’espace de coworking)…
Ok, dans 3, 2, 1 mon site web va se faire bannir de Nouvelle-Zélande…
Je n’ai pas accroché du tout. Mais alors — pas — du — tout. On ne peut pas s’entendre avec tout le monde, j’en ai bien conscience, mais je les ai trouvé prétentieux, pas très ouverts, hypocrites et intéressés uniquement par l’argent. Je vous passe les quelques anecdotes qui font que j’ai bien failli détester ce pays. Heureusement dans le lot se trouve Nir, un israélien arrivé le même jour que moi à l’espace de coworking avec qui nous allons déjeuner le midi et parfois boire quelques bières le soir. Beaucoup de discussions sur Israël, sur l’Europe sur les Néo-Zélandais et leur sens tout-à-fait singulier de l’hospitalité et de leur rapport à l’argent. Juste par contraste, les chinois ont cette même notoriété, pas très avenants et ils aiment bien l’argent. Et bien, en prenant mes petites habitudes dans deux ou trois food court et convinience stores, ils me souriaient, me disaient merci, me demandaient sincèrement comment s’était passé ma journée, me posaient des questions sur pourquoi j’étais là, d’où je venais, etc.
Bref, pas loin d’avoir une image très négative du pays et de ses autochtones, je m’envole pour Rarotonga, dans les Îles Cook, perdues au milieu de l’océan Pacifique pour une semaine de farniente, de scooter, de soleil, de gens très chouettes dont une espagnole qui vit à Auckland ! Bordel Brezo, tu pouvais pas le dire avant qu’on se rencontre ! Je te jure…
Postambule
Alors pourquoi ces paysages m’ont-ils parus si inhabituels ?
Les arbres.
Il y a très peu d’arbres par endroits sur ces montagnes, voir des fois pas du tout. Et dans la façon que j’ai de voir le monde, quand je visualise “montagne”, je visualise “forêt sur montagne”. En me baladant dans un des musées de Wellington, je tombe sur une galerie qui explique que les deux îles de Nouvelle-Zélande étaient recouvertes de forêt ! Partout, mais genre partout ! Là, je récupère mes repères et me dit “ok en Europe nous avons donc les mêmes paysages : montagne, forêt”. Sauf que eux n’ont plus la forêt. J’avance dans la galerie, tombe nez-à-nez avec 2 cartes : “avant”, “après”… Le choc…
- Avant : il y a quelques zones isolées sans forêt,
- Après : encore un peu sur l’île du sud, quasi plus rien sur l’île du Nord.
Après quoi ?? La déforestation par le feu pour faire des terres agricoles et la production de bois pour les habitations. C’est beau et ça fait des jolies couleurs, mais à quel prix…